Les Industries agroalimentaires (IAA) représentent 15 040 entreprises en France, elles réalisent un chiffre d’affaires global de 213 milliards d’euros de chiffre d’affaires (2ème rang dans l’UE), emploient plus de 460 000 salariés et représentent 17% de la valeur ajoutée créée par les industries manufacturières en France (chiffre 2017 selon le Panorama des IAA publié par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation (MAA)).
Néanmoins depuis plusieurs années ces industries souffrent de niveaux de performance souvent inférieurs à ceux de leurs concurrentes européennes ou d’entreprises d’autres secteurs industriels français : le taux d’exportation reste inférieur à la moyenne des industries françaises en dehors des grains et des boissons, et si le solde commercial reste positif, il se dégrade dans certains secteurs. La performance économique est souvent mise à mal par les politiques tarifaires de la grande distribution, principal débouché de ces industries et si le taux d’investissement reste élevé, le taux de dépenses en R&D dans le chiffre d’affaires est inférieur à celui de la moyenne nationale des industries sauf dans les secteurs de la boulangerie-pâtisserie-pâtes, des grains et des huiles et graisses.
Aussi le secteur fait l’objet de l’attention des pouvoirs publics qui sollicitent largement la recherche et l’expertise apportée par les enseignants-chercheurs et les chercheurs de l’enseignement supérieur et de la recherche agricole (ESRA) afin de préciser les tendances à l’œuvre, de mettre à jour les facteurs explicatifs des difficultés pointées, et d’élaborer des politiques publiques à même de soutenir ce secteur important, devenu stratégique depuis la crise du Covid-19.
Des travaux réalisés par exemple dans le cadre de l’Appel à projets de recherche lancé par le MAA en 2016 sur le sujet « Mesurer et expliquer les compétitivités agricoles, agroalimentaires et forestières » ont permis à la fois d’approfondir les facteurs de la compétitivité export et les stratégies de compétitivité liée à la différenciation par les labels de qualité ou les indications géographiques, de distinguer la compétitivité liée à la mobilisation de collectifs pour valoriser la coopération tout au long des chaînes de valeur, d'explorer la compétitivité hors coûts ou encore de préciser les éléments de la performance économique tout au long de la chaîne de valeur.
D’autres programmes de recherche constituent des apports importants à destination des professionnels et des décideurs publics pour étayer la prise de décision et renforcer leurs capacités stratégiques, en particulier sur les sujets suivants :
la répartition de la valeur au sein de la chaîne alimentaire de l’amont vers l’aval,
les déterminants de la formation des prix et les conditions de transparence des prix sur différents marchés et au niveau européen,
la structuration des filières et des marchés,
les pratiques de contractualisation entre les différents maillons de la chaîne,
l’innovation et l’écoconception des produits alimentaires
la traçabilité des produits et les nouvelles attentes des consommateurs,
la concentration des acteurs de la grande distribution,
l’impact des accords commerciaux au niveau européen sur les entreprises de la chaîne alimentaire,
l’impact des politiques publiques et des réglementations en vigueur.
La recherche va rester d’autant plus mobilisée que la crise du Covid-19 met en lumière des sujets tels que :
la souveraineté alimentaire et les problématiques de réduction des importations, notamment des intrants (protéines végétales, alimentation animale), et de relocalisation des activités industrielles,
la durabilité et la digitalisation des supply chain des activités amont (intrants, production de matières premières agricoles) et des activités aval (transport, distribution, services),
la transformation de certains circuits de distribution et les sujets liés à l’économie circulaire,
l’insertion des activités agroalimentaires dans la bioéconomie pour la décarbonation des activités de transformation et de la logistique, la diversification des filières vers les biotechnologies ou la gestion des emballages et des déchets.
Autant de sujets de « fronts de recherche » essentiels pour les chercheurs dont l’approfondissement contribue à l’appui et à l’accompagnement des filières et des acteurs économiques qui les constituent et à l’impact social de la recherche.
Pour soutenir l’économie française en sortie de crise Covid-19, le secteur agroalimentaire, désormais identifié comme stratégique, apparaît ainsi comme l’un des axes majeurs du plan France Relance : les actions initiées s’adossent aux travaux menés lors des Etats généraux de l’alimentation à l’automne 2017 qui avaient débouché sur les mesures fortes de la loi Egalim entrées en vigueur le 1er janvier 2019, ainsi qu’aux analyses et mesures portées par le Contrat stratégique de la filière agroalimentaire signé le 16 novembre 2018.
L’ensemble de ces travaux ont été intégrés à la réflexion collective qui a débouché sur le Pacte productif lancé par le gouvernement au printemps 2019 et réactivé en juin 2020 dans le cadre du Plan Relance France, afin d’augmenter la production industrielle en France et d’adapter dans le même temps l’appareil productif aux mutations économiques, écologiques et sociétales.
Quatre axes ont été définis pour engager des plans de transformation des entreprises et redonner au secteur agroalimentaire les bases d’une croissance durable :
Le plan de structuration de filières de protéines végétales
Le plan de modernisation des abattoirs
L’appel à projets « structuration des filières agricoles et agroalimentaires »
Un soutien massif aux plans alimentaires territoriaux
Au-delà de ces axes prioritaires, le secteur agroalimentaire bénéficie aussi de dispositifs transversaux de soutien aux investissements et au financement de la croissance dont l’objectif est d’accroître la capacité de développement des industries agroalimentaires et d’améliorer leur compétitivité. L’un de ces dispositifs consiste notamment à financer les accélérateurs d’entreprises destinés aux PME du secteur.
Agreenium, l’alliance de la recherche et de la formation pour l’agriculture, l’alimentation, l’environnement et la santé globale est partie prenante des programmes d’accélérateurs d’entreprises, dans le secteur agroalimentaire. Elle intervient depuis 2018 à la demande d’un de ses membres, Montpellier Supagro (Institut Agro), après avoir répondu conjointement avec l'EM Lyon au premier appel d’offres lancé par BPI France sur le volet formation à la stratégie des dirigeants du 1er Accélérateur IAA cofinancé par le MAA.
Cet accélérateur vise à accompagner la transformation des PME en entreprises de taille intermédiaire capables de se déployer à l’international et de relever les défis de la digitalisation, des attentes sociétales et de l’attractivité des métiers pour les jeunes diplômés.
Promotion 2019 - 2021 de l'Accélérateur IAA
Retrouvez le communiqué de presse
Retrouvez les témoignages des dirigeants d'entreprises
Promotion 2021 - 2022 de l'Accélérateur IAA
Retrouvez le communiqué de presse
Retrouvez l'intervention vidéo du Ministre de l'Agriculture et l'Alimentation
Agreenium, associé à l’EM Lyon, conçoit des séminaires de formation thématiques de deux jours destinés aux directeurs.trices des PME participantes, dont l’objectif est d’aborder d’un point de vue stratégique les différentes fonctions de l’entreprise pour amener ces dirigeants à modifier progressivement leurs modèles d’affaires et les rendre plus performants dans le contexte de l’économie 4.0.
Une des contributions importante d’Agreenium consiste à convier des enseignants-chercheurs de l’ESRA et experts de la filière agroalimentaire à intervenir lors de ces séminaires. Depuis avril 2019, une dizaine d’entre eux ont participé à différents séminaires sur des thématiques aussi variées que l’innovation, les enjeux de la RSE, la performance industrielle, la supply chain et la traçabilité des produits, le recrutement et la marque employeur ou encore la performance commerciale et le marketing digital. Ont été accueillis successivement : Gilles Trystram (Agroparistech), Louis-Antoine Saïsset (Institut Agro/Montpellier SupAgro), Maryline Filippi (Bordeaux Sciences agro), Stéphane Turolla (INRAE), Karine Latouche (INRAE), Florent Saucède (Institut Agro/Montpellier Supagro), François Roche – Bruyn (Agrosup Dijon), Tarek Abid (UniLasalle).
Photo : Accélérateur IAA: séminaire innovation et financement de la croissance, 2-3 juillet 2019, campus parisien EMLyon
La présence et l’intervention d’enseignants-chercheurs de l’enseignement supérieur agricole est un atout très important dans la formation à la stratégie des dirigeants de PME du secteurs IAA.
L’enchaînement des différents séminaires permet aux dirigeants de passer d’une logique de gestion à une logique de management stratégique pour être capable de concevoir, d’organiser, de piloter et d’intégrer un processus de réorientation des activités de l’entreprise et d’améliorer sa compétitivité dans la durée.
Dans cette perspective, les enseignants-chercheurs apportent d’abord une capacité à questionner l’existant et l’avenir qui permet de déplacer le regard sur les sujets traités et de les désencastrer du cadre de référence habituel des chefs d’entreprise.
Les enseignants-chercheurs témoignent d’une méthodologie de la recherche qui permet de raisonner le monde et ses enjeux sur des bases scientifiques, à partir d’outils statistiques, de modélisations ou d’expérimentations, qui offre des perspectives autres d’appréhension et de compréhension des problématiques auxquelles sont confrontés les chefs d’entreprise.
Les enseignants-chercheurs introduisent dans le spectre des outils stratégiques, une capacité à manier, articuler et approfondir savoirs et concepts dans différents champs disciplinaires qui engage véritablement les chefs d’entreprise à élaborer leur stratégie non seulement en maniant des outils méthodologiques et opérationnels mais également en mobilisant la connaissance disponible et la capacité à penser.
Enfin ils apportent dans ces séminaires une connaissance fine des enjeux des secteurs d’activité dont relèvent les chefs d’entreprises participants et permettent d’ancrer dans les problématiques spécifiques à la filière agroalimentaire l’ensemble des outils et méthodologies proposés par les différents intervenants de la formation.
Photo : Accélérateur industries agroalimentaires : lancement de la promotion 2 par BPI France et le MAA
© Agreenium, l'alliance de la formation et de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation, l'environnement et la santé globale