agro-écologie

L’agro-écologie est partie intégrante des stratégies des établissements agricoles de recherche et d’enseignement en France. Par la richesse de leur approche, ces établissements contribuent à enrichir le concept et son intérêt pour répondre à des enjeux agricoles et sociétaux, globaux et complexes, dans des environnements contraints et incertains. 

L’agriculture à l’échelle planétaire doit répondre à des enjeux de plus en plus complexes : « produire plus avec moins », tout en s’adaptant à de nouvelles contraintes économiques, sociales et environnementales. « Produire plus » compte tenu d’une demande alimentaire toujours croissante, et « avec moins » compte tenu de la volonté affichée de diminuer son empreinte, en s’adaptant à de nouvelles contraintes en raison des changements que subissent les socio-écosystèmes.  

L’agro-écologie propose une piste à même de répondre aux défis d’une gestion sobre des ressources, d’adaptation au changement climatique et de sécurité alimentaire posés à l’agriculture.

Le groupe de travail Agroécologie et santé globale

Ce groupe thématique permet de partager des informations récentes chez chacun des membres de l’alliance Agreenium, et accompagne les activités de la cellule d’appui en lien avec la thématique.

Qu'est-ce que l'agroécologie ?

L’agro-écologie se définit comme l’écologie du système alimentaire, intégrant l’ensemble de ses composantes, dans des dimensions agronomiques, écologiques, sociales et économiques (Francis et al., 2003). Wezel et al. (2009). Une analyse historique décrit son développement selon trois niveaux : en tant que discipline scientifique, en tant que mouvement social et politique, en tant que pratique agricole.

Deux traits principaux, son caractère interdisciplinaire et multi-échelle, en font une discipline scientifique à la marge, et en même temps tout son intérêt. L’étude épistémologique de l’agro-écologie (Alvarez-Salas et al., 2014) montre qu’il s’agit d’une science qui concilie plusieurs disciplines, pour étudier les systèmes agricoles dans leur complexité d’interactions, à différentes échelles d’analyse.

Naissance de la discipline

Le concept d’agroécologie émerge à travers l’application de l’écologie à l’agriculture, à l’échelle des variétés et des interactions plante-parasite (Bensin, 1928). Puis, l’agro-écologie s’étend à d’autres échelles, notamment la parcelle et le système de culture (Azzi, 1956), puis plus tardivement, à l’animal (Dumont et al., 2012), englobant ainsi plusieurs disciplines connexes à l’Agronomie (Tischler, 1965). 

Dans les années 70, l’agro-écologie prend une nouvelle dimension avec le concept d’agroécosystème (Odum, 1969). L’exploitation agricole y est vue comme un écosystème géré par l’homme. La vision holistique et systémique qui prévaut prend alors tout son sens dans le cadre de la durabilité de l’agriculture, en couplant, à l’échelle de l’exploitation agricole, l’écologie et l’agronomie aux autres disciplines socio-économiques (Gliessman, 2000). 

Les changements d’échelle se poursuivent, de l’agrosystème au système alimentaire, en passant par le paysage et le territoire. L’agro-écologie s’enrichit alors de nouvelles disciplines comme la géographie et les sciences économiques et sociales, pour finalement considérer le système alimentaire comme un réseau global de production, de distribution et de consommation de produits agricoles (Altieri, 2008 ; Francis et al., 2003 ; Gliessman, 2011).

Politiques publiques en France

La France a inscrit l’agro-écologie dans son agenda politique et législatif, et plus particulièrement dans l’article 1 de la Loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt de 2014 : « Les politiques publiques visent à promouvoir et à pérenniser les systèmes de production agro-écologiques, dont le mode de production biologique, qui combinent performance économique, sanitaire et environnementale et haut niveau de protection sociale ». Cette inscription dans la loi s’est notamment traduite et déclinée dans un « Projet agro-écologique pour la France ».

Un enjeu international

Suite aux crises alimentaires de 2008, Olivier De Schutter, rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation a présenté en 2011 un rapport « Agro-écologie et droit à l’alimentation » devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

 Ce rapport montrait que dans les situations à succès, l’agro-écologie pouvait conduire à un accroissement notable de la production alimentaire tout en réduisant la pauvreté et en apportant des solutions concrètes au changement climatique. Il insistait sur le travail à opérer pour garantir les conditions de réussite d’une extension de l’agro-écologie. 

La FAO a ensuite mené une série d’activités autour de l’agro-écologie : organisation d’un de deux symposium internationauxl sur l’agro-écologie pour la sécurité alimentaire et la nutrition (2014, 2018) et de séminaires régionaux, et mise en place d’une plateforme collaborative sur l’agro-écologie. Le cadre analytique « les 10 éléments de l’agroécologie » a été adopté suite à ces concertations, dans le but d’énoncer des principes communs, susceptibles d’être adaptés aux contextes locaux.

Tant pour les pays du Nord que du Sud, l’agro-écologie constitue une voie de transition vers une agriculture durable et multi-performante. Dans les pays industrialisés, les formes de l’agriculture basée notamment sur les intrants de synthèse et non renouvelables s’accompagnent d’une perte de biodiversité, d’uniformisation, d’artificialisation des paysages et de pollution (sol, air, eau). L’objectif est de parvenir à une complémentarité, voire une synergie entre agriculture et environnement, dans un contexte de modernisation, d’homogénéisation et de spécialisation.